dimanche 13 septembre 2009

L'avortement

Le 31 mai, 2009, aux États-Unis, le médecin Greg Tiller qui pratiquait des avortements, a été assassiné. Le fait que nous pouvons voir un citoyen quelconque recourir à une action qui risque de le mettre sous les verrous témoigne de la passion, de la colère suscitée par cette question d'avortement.

Il me semble que cette question existe depuis toujours et il me semble que nous ne sommes pas du tout prêts à parvenir à un moyen de régler l'affaire de manière à satisfaire toutes les parties qui y sont impliquées. Pour moi, la question la plus importante, la plus fondamentale qui n'est pas adressée par ceux qui sont contre l'avortement, est tout simplement que l'on ne voudrait pas d'avortement si on n'était pas enceint. Pourquoi est-on enceint ? Si on n'est pas enceint, on n'a pas besoin d'un avortement. Ça saute aux yeux, c'est une vérité qui va de soi, c'est à priori, n'est-ce pas ?

C'est là, cependant, le cœur du sujet. Si je cerne ceux qui sont contre l'avortement, je trouve un segment de la population qui fait partie, pour la plupart, du mouvement fondamentaliste, une vue du monde qui prescrit une interprétation plutôt littérale de la Bible. C'est là où se trouve la contradiction dans le mouvement de protestation contre l'avortement.

D'après ces adeptes de la Bible, nous ne devrions pas considérer le sexe avant le mariage. En plus, nous ne devrions pas considérer l'emploi de la contraception, surtout le préservatif. Aussi, nous ne devrions pas penser à l'éducation sexuelle, définitivement pas dans nos écoles parce que l'abstinence est la seule façon d'aborder la question du sexe. Bon, quelle recette de désastre. Puisqu'il y a encore des avortements pratiqués tous les jours, je dois conclure que quelqu'un, quelque part, à quelque moment, continue à avoir des rapports sexuels. Bon, on peut dire que mes conclusions sont erronées, mais je dois faire le lien entre le résultat, le bébé non désiré et la cause.

Je suis un peu sarcastique. On ne fait pas d'omelettes sans casser des œufs. On ne peut pas espérer ne pas avoir d'avortements, de grossesses en essayant de suivre seulement un régime d'abstinence. Ça ne marche pas. Pourquoi ? Je pense que le désire sexuel chez les êtres humains est probablement le désir le plus fort. Comme la citation d'Oscar Wilde explique d'une manière amusante : « Je peux résister à tout ... sauf la tentation. »

Si nous admettons dès le début que l'abstinence ne va pas marcher ... D'accord, je devrais réviser mes pronostics et clarifier ma position. Je suis certain que l'abstinence fonctionne pour un certain pourcentage de cas toutefois, le seul fait que nous pouvons encore voir des avortements veut dire l'abstinence n'est pas tout à fait efficace, pas à cent pour cent. Par conséquent, quels autres choix avons-nous ? Si l'objectif est de réduire le taux d'avortements à zéro, quels autres moyens à part l'abstinence pouvons-nous employer ?

Le préservatif. Les critiques, les détracteurs seront probablement prêts à dire que ce moyen n'est pas efficace à cent pour cent non plus. Pourtant, si l'introduction de cette méthode de prévention d'avortement peut se voir en mesure de réduire au moins une partie de tous les avortements pratiqués, nous aurons un succès. Voilà, nous avons maintenant 2 moyens de lutter contre l'avortement dans notre arsenal. Quoi d'autre ?

Ah, la fameuse éducation sexuelle. Si nous informons tout le monde, les adolescents, les jeunes adultes, pas seulement du sexe mais du sexe dans le contexte des relations, de la grossesse, de la famille, d'élever des enfants, ne verrons-nous pas une population mieux à même de faire le bon choix ? Je ne sais pas comment nous pouvons nous attendre à ce qu'une personne fasse le bon choix si cette personne n'est pas informée, si cette personne n'est pas armée de tous les moyens nécessaires pour faire le bon choix. L'ignorance n'est pas une recette de succès mais plutôt une recette de désastre. Penser autrement n'est pas sage.

J'aimerais maintenant clarifier ma position face à cet imbroglio moral et légal. Je suis tout à fait contre l'avortement. Point. Rien d'autre à dire. Ah, mais avant de voir les adeptes du mouvement pro-vie applaudir, je veux souligner ce que je viens d'expliquer ci-dessus. Je suis contre l'avortement comme je suis contre n'importe quelle chirurgie non urgente. Je suis vraiment pour l'idée de faire tout et n'importe quoi pour empêcher quelqu'un d'arriver au point où l'avortement serait un choix nécessaire. C'est-à-dire que je suis pour l'éducation sexuelle, pour la promotion de l'emploi du préservatif et même, si ça marche, l'abstinence. Voir quelqu'un subir une chirurgie agressive n'est pas souhaitable. Une chirurgie agressive pourrait être dangereuse même fatale si nous pensons à ce genre d'avortement pratiqué d'une manière clandestine par des médecins douteux. C'est quelque chose à éviter coûte que coûte.

On voit la différence ? Les partisans du mouvement pro-vie veulent arrêter la pratique de l'avortement sans tenir compte de l'autre partie de l'équation. Ils ne s'occupent pas de l'éducation sexuelle, de la promotion du préservatif. Ils parlent de l'abstinence comme le seul moyen d'éviter la grossesse et ils ne manifestent aucun intérêt au sort des mères et des enfants qui font partie de cette histoire. Pour ces partisans, ce n'est qu'une question de voir le respect de leur règle « pas d'avortements », peu importe le reste. Ils soulignent la quantité de la vie et non pas la qualité de la vie.

Je répète : on ne fait pas d'omelettes sans casser des œufs. Si on est vraiment contre l'avortement, on doit utiliser tous les moyens de le prévenir et cela ne veut pas dire tuer le médecin. Il faut examiner pourquoi la mère en question arrive même à la porte du médecin. Si la mère ou le père ou tous les deux avaient eu de l'éducation sexuelle, auraient-ils employé de la contraception ? S'ils avaient compris les implications d'une telle relation, la possibilité d'un bébé, auraient-ils décidé autrement ? Je suis certain que notre société pourrait arrêter l'avortement mais cela veut dire que nous devons nous occuper de la cause. Après tout, si nous n'aimons pas la sirène d'une voiture de pompiers, ce serait tout à fait bête de nous débarrasser de toutes les voitures de pompiers. Il vaut mieux apprendre aux gens comment bien utiliser des allumettes et quand, n'est-ce pas ?

2009-06-23

1 commentaire:

  1. ...mais il semble que la majorité des femmes se faisant avorter, aujourd'hui, sont des femmes qui sont sous contraception, laquelle a - pour une raison ou l'autre - mal fonctionnée. Ces gens ont une éducation sexuelles, utilisent une contraception... Et pourtant, se retrouvent parfois dans une "situation délicate".

    Doit-on considérer qu'ils étaient prévenus et qu'ils avaient qu'à bien lire la notice ?

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