dimanche 13 septembre 2009

Le Moyen-Orient

Je voudrais brosser un portrait de la situation entre les Israéliens et les Palestiniens en décrivant trois scènes dont j’ai lu la description dans des journaux ou que j’ai vues à la télévision.

La première scène eut lieu dans un verger palestinien juste à côté d’une barrière entre les territoires israéliens et palestiniens. Il faisait beau, c’était ensoleillé, tout était paisible. On pouvait entendre le pépiement des oiseaux et le bourdonnement des insectes. On pouvait ressentir une brise légère. Les lignes d’arbres fruitiers montraient la promesse d’une récolte succulente et pour le moment, tout était tranquille.

Tout à coup, on a vu un escadron d’hommes masqués arriver courant parmi les arbres, chacun armé et dont quelques-uns portaient des lance-roquettes. Ils se sont approchés de la barrière et les hommes qui portaient les lance-roquettes se sont mis à genou, ont préparé leurs armes et puis ont lancé leurs projectiles vers le territoire israélien. On entendait le sifflement des fusées qui décrivaient un arc en passant au dessus de la barrière et on voyait les traces de fumée laissées par les roquettes. Ensuite, tous les hommes ont quitté le verger et se sont dispersés. La tranquillité y régnait à nouveau.

Un peu plus tard, la réplique, œil pour œil, dent pour dent. Une attaque au mortier, une pluie d’obus, une série d’explosions, le tonnerre, la fumée. Et puis, un verger mort : les arbres déracinés, les entonnoirs, une récolte de fruits abîmés.

Enfin, la séquence à la télévision. Un journaliste interviewait un fermier palestinien, le propriétaire du verger détruit par le bombardement israélien. Était-il fâché contre les Israéliens ? Bien sûr et il en avait de quoi l'être, il venait de perdre sa principale source de revenu. Cependant, était-il content de ses confrères palestiniens ? Pas du tout. Il a expliqué comment il voulait simplement mener une vie hors de portée de ce conflit, gagner son pain, s’occuper de sa famille. Il a reconnu que son verger était maintenant détruit non pas seulement à cause des Israéliens, mais aussi à cause de ses compatriotes menant une guerre sur ses terres, une guerre qui n’avait rien à voir avec lui.

La deuxième scène durait deux ou trois semaines, une période pendant laquelle j’ai vu plusieurs fois à la Une, une annonce des roquettes lancées au hasard par des groupes de militants palestiniens vers le territoire israélien. La plupart du temps, ces roquettes n’ont tué personne. Peut-être qu’une roquette a endommagé un bâtiment ou une voiture, mais au total, ces roquettes n’étaient pas un moyen très efficace de détruire ou de tuer. Cependant, elles avaient un grand pouvoir pour terroriser la population, cela ne faisait aucun doute.

En fin de compte, Israël s’est décidé à répondre et sur la manière de répondre. Les forces armées israéliennes ont fait plusieurs incursions dans les territoires palestiniens pour essayer de retrouver et tuer les leaders considérés comme responsables. Les israéliens ont bombardé plusieurs lieux sûrs suspects, refuges possibles des terroristes. De plus, il y a eu plusieurs reportages à la une sur les voitures piégées où des responsables du Hamas ont été assassinés.

Au total, il y a eu 120 personnes tuées pendant cette période, trois Israéliens, cent dix-sept Palestiniens. Et parmi les Palestiniens, on a compté ses civils parmi lesquels des enfants. Le Hamas a annoncé une victoire au sens où ils sont arrivés à montrer Israël sous un jour défavorable grâce aux morts des enfants. Trois Israéliens tués, cent dix-sept Palestiniens. 98% des personnes tuées étaient palestiniennes.

La dernière scène consistait en des images de joie, de célébration dans la bande de Gaza après la nouvelle de l’attentat qui a tué huit étudiants d’une école à Jérusalem Est. Un porte-parole du mouvement islamiste Hamas a qualifié l’attentat d’attaque héroïque. Ces huit étudiants étaient âgés de 15 ans à 16 ans. Les étudiants. Pas de soldats, pas d’hommes armés, les étudiants. Les journaux ont ajouté que des manifestations de joie ont été plus prononcées dans le camp de Jabaliya, récent théâtre d'une opération israélienne meurtrière déclenchée à la suite des tirs répétés de roquettes palestiniennes sur des villes israéliennes.

Si j’essaie de regarder la situation dans son ensemble, qu’est-ce que je vois ? Ce qui est évident, c’est la violence, la haine, la destruction, tout ce qui est négatif dans la vie. Ça saute aux yeux. Pourtant, puis-je voir quelque chose d’autre ?

D'abord, je veux annoncer très clairement que je ne suis pas pour les Israéliens et contre les Palestiniens. Il me semble que tout le monde perd dans cette situation peu importe de quel côté de la barrière l'on est. Cependant, quant à moi, les Palestiniens sont en train de perdre de plus en plus souvent par une stratégie fortement défectueuse avec, à la clé, aucune porte de sortie possible ou envisageable.

Comme se dit cette définition plaisante de la démence : c'est de faire la même action à maintes reprises en s'attendant à un résultat différent. Les Palestiniens ont décidé d'une manière délibérée ou non, d'une manière collective ou non, de poursuivre leur objectif de créer un état palestinien en employant des moyens violents. Au lieu de dialoguer, de négocier, ils essaient de saisir par la force ce qu'ils veulent et il faut ajouter que jusqu'à ce moment-ci, cet essai d’atteindre leur but par la force n'a pas entraîné de résultats très concrets. En réalité, cette compagne violente semble maintenir un statu quo où les Palestiniens restent un peuple sans pays sans aucune lueur de parvenir à un état autonome.

Pourquoi tout ça continue-t-il ? Les Palestiniens comme peuple ne sont pas un groupe cohérent. Ils sont plutôt un ensemble de divers groupes, de factions presque autonomes, séparées, suivant leurs propres cours. En dépit de la trêve récente entre les Palestiniens et les Israéliens, il y a de temps en temps les reportages sur des tirs de roquettes, même cette histoire horrifique du chauffeur palestinien d'une pelleteuse. Le gouvernement palestinien, la direction du Hamas ont signé un accord avec Israël pour un cessez-le-feu avec l'idée que chaque côté du conflit arrêterait les hostilités. Néanmoins, qu'est-ce qui arrive ? Un petit groupe indépendant, un protagoniste mineur de la guerre lance une roquette au territoire israélien. Pour quoi faire ? Comme j'ai déjà indiqué, ces tirs ne causent pas beaucoup de dégâts mais chaque tir, tel quel, court le risque de saboter le processus de paix. Je dois poser la question : pense-t-on que les Israéliens donneraient quoi que ce soit aux Palestiniens qui continuaient à essayer de les détruire ?

J'ai été très impressionné par l'histoire de Gandi. Il voulait l'indépendance pour son pays et il l'a obtenue ... mais sans violence. Au lieu de tenter de prendre ce qu'il voulait, il est parvenu à convaincre les Anglais de le lui donner. Ça, c'est étonnant, c'est un succès éclatant. Prendre quelque chose par la force est difficile à faire, surtout quand on considère la puissance d'un adversaire. Cependant, si cet adversaire cède la chose en question, il n'y a plus de question de la puissance de l'adversaire parce que la puissance de l'adversaire n'est pas un facteur dans l'obtention victorieuse de la chose.

Je suis certain que certains Palestiniens comprennent très bien cette leçon de l'histoire de l'Inde. Cependant, pourvu que le peuple palestinien agisse comme une collectivité de groupes indépendants et non pas comme un seul groupe cohérent, pourvu que le gouvernement palestinien signe un cessez-le-feu mais les Palestiniens individus ne le suivent pas, les Israéliens ne seront jamais prêts à céder ce que les Palestiniens veulent.

2009-05-19

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