mardi 15 septembre 2009

Québec

Le Canada est un pays officiellement bilingue mais l’est-il vraiment ? Le Canada a deux héritages mais les reconnaît-on tous les deux ? Le Canada comme confédération est une union de divers groupes mais restera-il un ensemble cohérent ?

Au cours de ma vie, la question du Québec et de sa position au sein de notre pays a été soulevée à maintes reprises. En effet, je peux même dire que cette question semble sempiternelle, elle n’est jamais résolue, elle n’est jamais tranchée. Soit dans les salles de classe, soit dans les journaux, soit à la télévision, je l’ai entendue je ne sais combien de fois. Cependant, pourquoi revenons-nous toujours à ce mouton-là, à cette brebis galeuse de nos affaires patrimoniales ?

Selon le Petit Robert, une confédération est définie comme une « union de plusieurs États qui s'associent tout en conservant leur souveraineté ». Bon, si j’examine le Canada d’est en ouest, la confédération du Canada, je trouve plusieurs groupes, plusieurs états qui sont arrivés à garder leur souveraineté en tirant profit de leur association. Quels groupes ? Les provinces, bien sûr. Entre parenthèses, je ne vais pas m’embarquer dans l’affaire des autochtones, je me restreins à la question du Québec.

Je pense que je peux mettre en avant assez facilement que l’association des provinces a amélioré leurs situations individuelles, qu’elle a amélioré toutes leurs économies. En outre, le tout est plus grand que la somme des parties. L’ensemble des provinces constitué en un pays leur permet de mieux conserver leur propre souveraineté et même la souveraineté de leur confédération face à l’hégémonie économique et culturelle de notre voisin gigantesque du sud et face à la mondialisation qui met le Canada en concurrence avec tous les autres pays au monde.

Alors, où se trouve le problème ? Pourquoi revenons-nous à nos moutons pour trouver un bélier en train d’ouvrir une brèche dans la Grande Muraille du Canada ? À mon humble avis, le vrai problème entre le Québec et le reste du Canada ne réside pas dans les différences de culture et d’héritage. Il ne s’agit même pas d’un défaut d’autodétermination de la part des québécois dans le cadre du fédéralisme canadien. C’est tout simplement une question de langue. Le Québec parle français, le reste du Canada parle anglais. C’est tout. Rien d’autre à considérer.

Je peux déjà entendre les exclamations de surprise, les mots de désapprobation, voire les gloussements et le ricanement de ceux qui dédaignent cette perspective comme trop simpliste et étroite. Néanmoins, réfléchissez et laissez-moi mettre sur la table un concept fondamental pour le développement et le maintien des relations entre deux groupes de personnes.

Comment pouvons-nous entretenir de bons rapports avec quelqu’un si nous ne pouvons nous parler, si nous ne pouvons communiquer, l’un avec l’autre ? Si j’étudie les rencontres que j’ai eues à Toronto avec divers groupes ethniques, linguistiques, je vois un dénominateur commun, un lien entre ces gens et moi qui nous donne la capacité de nous entendre, de trouver un point commun pour construire un pont pour relier nos vies parfois tout à fait différentes. Si je regarde ces gens qui ont montré de temps en temps des vies diamétralement opposées à la mienne, je vois : le chinois qui pratique le taï chi dans le parc chaque matin à sept heures, le sikh qui porte un turban, le musulman qui effectue cinq prières par jour, le juif orthodoxe qui porte la kippa. Toutefois, malgré ces différences bien évidentes, nous pouvons nous parler. Nous avons un moyen de combler le fossé entre nous étant donné que nous parlons la même langue et nous pouvons nous expliquer les uns aux autres nos points de vue. Sans cette communication, qu’est-ce que je verrais ? Seulement les différences, peut-être l’étrangeté de ces vies en comparaison avec la mienne ? En un mot, sans communication, nous ne verrions que les différences entre nous sans la possibilité de nous concentrer sur les similarités entre nous.

Et maintenant, après avoir établi l’importance, à mes yeux, d’une langue partagée, retournons au Québec en nous posant la question : Comment pouvons-nous vivre ensemble si nous ne pouvons nous parler ? En dépit de toutes les langues parlées dans les divers marchés de Toronto n’importe quel samedi matin, nous pouvons toujours nous parler en anglais, la langue considérée comme universelle dans ce contexte. Cependant, si je décris la même situation au Québec, vais-je demander à quelqu’un de parler la langue soi-disant universelle des marchés de Toronto, l’anglais ? Le Québec ne pourrait-il pas me demander de parler le français ? Ah, c’est là que le bât blesse. Tous les divers groupes aux marchés du samedi matin peuvent utiliser leur langue maternelle mais ils se parlent les uns avec les autres en pratiquant l’anglais. Quelle sera la langue universelle entre le Québec et le reste du Canada ?

Au cours des années, j’ai eu des occasions d’écouter des histoires typiques d’anglophones face aux québécois. Ces histoires se sont résumées en une description de comment les anglophones n’avaient pas pu très bien communiquer avec les québécois sans expliquer clairement que les anglophones n’essayaient que de parler l’anglais et jamais le français. C’est-à-dire que les anglophones ont décidé unilatéralement que la langue universelle, la langue commune allait être l’anglais et que si les québécois ne parlaient pas anglais, c’était parce qu’ils refusaient de le parler, c’était parce qu’ils étaient « difficiles ». Il était intéressant de noter que je n’ai pas très souvent entendu un anglophone dire qu’un québécois ne connaissait pas l’anglais. Non, il ne s’agissait pas d’un manque de connaissances, c’était presque toujours une question que les québécois étaient difficiles, qu’ils refusaient de parler anglais.

Voilà, quelque unes de mes observations sur ce sujet.
  • Les Québécois ont deux bras, deux jambes, deux yeux mais seulement une tête. Ils respirent, ils mangent, ils dorment, ils mènent une vie comme n’importe qui d’autre. Je veux dire que les québécois sont des êtres humains comme moi, comme nous, comme les anglophones.
  • Les anglophones ont la fausse impression que tous les québécois peuvent parler anglais cependant, selon les statistiques, il n’y a que 41% des francophones qui sont bilingues. Cela veut dire que la majorité de francophones, la majorité des québécois sont unilingues. Remarquez que 9% des anglophones sont bilingues (anglais et français).

Est-ce que j’ai une solution ? Pas du tout. « Pantoute ! » Toutefois, au risque de vous choquer, j’aimerais parler de l’histoire de John Greg Lambton, le premier Comte de Durham.

Les Rébellions de 1837-38 ont été causées par le traitement de faveur accordé aux anglais dans la colonie britannique du Bas Canada au détriment des francophones. La couronne a envoyé au Canada le Comte pour enquêter sur les circonstances de la rébellion. Le résultat de cette visite a été un rapport dans lequel Durham a recommandé que le Haut Canada et le Bas Canada soient réunis dans le but de créer une situation où les anglophones sont majoritaires. De plus, une politique d’immigration britannique forcerait la population canadienne française à choisir la voie de l’assimilation linguistique et culturelle.

La couronne a suivi les conseils de Durham. En 1840, on a vu la formation de la Province du Canada dans l’objectif d’assimiler les Canadiens français en les submergeant dans une mer anglophone. Néanmoins, cette politique a échoué. D’abord, les Canadiens français ont réagi par la revanche des berceaux, c’est-à-dire une stratégie promue par l’Église Catholique de faire plus de bébés que les colons anglais afin de devenir supérieurs en nombre. Deuxièmement, les Canadiens français ont maintenu une forte appartenance à leur territoire et sont restés réunis. Malgré les efforts des Britanniques, les francophones n’ont pas été dispersés parmi les anglophones, les francophones comme groupe n’ont pas été divisés, ils n’ont pas été dilués. Par conséquent, en 1864, à la conférence de Charlottetown, ils ont utilisé les discussions sur la formation du Canada pour reformer une province séparée, le Québec.

Par conséquent, je peux mettre en avant que la situation telle qu’elle existe aujourd’hui serait tout à fait différente ou plutôt non existante si les conseils de Durham avaient réussi à faire assimiler les francophones dans la population anglophone. Le Québec tel quel n’existerait pas !

Pour conclure, je dois souligner que dans ce petit discours, je n’ai pas touché à tous les aspects de la question du Québec. Je n’ai même pas offert de solution, de résolution pour une affaire qui revient toujours sous forme d’un référendum sur la séparation ou d’un autre gros titre annonçant l’intention du Parti Québécois de continuer à lutter pour cette idée. Cependant, j’aimerais retourner à cette question de la langue. Quelle sera la langue universelle du Canada ? Quelle sera la langue de choix entre le Québec et le reste du Canada ? Allons-nous arriver à un point, comme dans les marchés de Toronto, où nous pouvons nous parler l’un à l’autre en employant une langue commune ? Oui, on peut mettre en avant l’anglais comme la langue de la majorité des Canadiens, pourtant le Québec peut-il mettre en avant sa propre langue maternelle ? Je prétends qu’aussi longtemps que cette question reste irrésolue, nous allons tous lire dans les journaux un autre essai des séparatistes qui veulent nous rallier à l’idée que le Québec devient pays indépendant.

2008-03-31

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