jeudi 7 janvier 2010

La TPS du Canada


En 2007, le Parti conservateur a pris le pouvoir au Canada. Une de leurs promesses électorales était de baisser la TPS, la taxe sur les produits et services. Une fois en pouvoir, ils ont baissé la taxe deux fois et maintenant elle se maintient à 5 %, ce qui représente, selon les journaux, une perte de revenue de 20 milliards $ par an. En septembre 2008, nous avons vu le début de la crise économique et depuis ce temps nous avons tous souffert des conséquences d'une des pires périodes depuis la Grande dépression. Le gouvernement a réagi à cette situation en mettant sur pied un programme de stimulations financières. Aujourd'hui, les journaux ont annoncé que le gouvernement conservateur aurait en 2009 un déficit de 50 à 60 milliards $.

En ce moment, on voit que le manque du revenu entraîné par la baisse de la TPS contribue au déficit budgétaire de 2009. Une question curieuse se soulève : pourquoi une baisse de la TPS ? Qu'est-ce que les Conservateurs espéraient faire en promettant une telle baisse ?

L'Élection canadienne et l'économie canadienne
Regardons notre économie. Qu'est-ce que le canadien moyen sait sur elle ? Le sujet est complexe et à une échelle nationale ou mondiale, il est incompréhensible. Cependant, qu'est-ce que notre premier ministre conservateur a fait pour se faire élire ? Il a promis de baisser la TPS (la taxe sur les produits et services) de deux pour cent. Qui veut payer de la taxe ? Qui est contre l'idée d'en payer moins ? Personne, bien sûr. Allons-y, élisons ce bon gars qui promet de baisser les taxes et de mettre plus de fric dans nos poches. Toutefois, qui a relevé que le Canada annonce maintenant un déficit après plusieurs années de surplus sous l'ancien gouvernement ?

La baisse de cette taxe était un truc conçu dans le but précis d'attirer les voix. Qui a examiné cette mesure de près avant de la considérer comme une raison légitime de voter pour le parti conservateur ? Prenons un exemple où nous avons deux personnes, une qui a cent mille dollars de revenu disponible, disons le riche, et une deuxième qui a trente mille dollars de revenu disponible, disons le pauvre. Deux pour cent de cent mille dollars représente un montant de 2.000 $ et deux pour cent de trente mille dollars, un montant de 600 $. L'idée en baissant la taxe est de stimuler l'économie en voyant ces deux consommateurs dépenser ces montants supplémentaires. Cependant, qu'est-ce qui arrive en réalité ?

Il faut remarquer sur-le-champ que le riche, quelque soit la baisse de la taxe, a les moyens de s'offrir ce qu'il veut. Va-t-il acheter quelque chose d'autre de plus si tout à coup il a deux mille dollars supplémentaires ? J'en doute. Le riche va en toute probabilité mettre cette somme de côté, l'économiser ou en faire un paiement hypothécaire. Le pauvre à l'opposé va sans doute dépenser ses dollars supplémentaires parce qu'il ne peut pas s'offrir tout ce qu'il veut. Si je fais le calcul, je vois que la baisse de la taxe se traduit par une perte de revenu de 2.600 $ pour le gouvernement. Cependant, je ne vois que 600 $ dépensés pour stimuler l'économie, les 600 dollars dépensés par le pauvre.

Selon les experts en économie, la meilleure chose à faire aurait été de laisser la TPS telle quelle et d'offrir un crédit d'impôt de 1.000 $ basé sur les moyens de la personne en question. Si nous revenons à notre exemple, le riche serait exempt de ce crédit. Le pauvre, qui aurait droit au crédit, aurait 1.000 $ supplémentaires et si nous suivons la même argumentation qu'au premier exemple, le pauvre dispenserait 1.000 $. Au total, qu'est-ce que nous voyons ? Le gouvernement n'aurait qu'une perte de revenu de 1.000 $ en comparaison de 2.600 $, tandis que l'économie serait stimulée par un montant de 1.000 $ en comparaison de 600 $.

Une hypothèse fautive ? Une supposition qui n'est pas basée sur la réalité ? Pas du tout. Tout ce que je viens d'expliquer vient de ma propre vie. Ces chiffres illustrent la situation de ma propre famille. Je ne suis pas riche, mais évidemment, j'ai plus de moyens que d'autres membres de ma famille comme mes filles qui sont au début de leurs carrières. Un cadeau de 2.000 $ de la part du gouvernement fédéral ? Je peux dire avec certitude que je n'ai aucune intention d'acheter plus ce dont j'ai besoin. Je vais faire un paiement supplémentaire sur mon prêt hypothécaire ou une chose du même genre mais je ne vais pas dépenser ce « cadeau ». En ce qui me concerne, le gouvernement a échoué à stimuler l économie. Le gouvernement, en essayant d'attirer autant de voix que possible, a donné un soi-disant cadeau à tout le monde y compris aux citoyens comme moi qui n'en avaient pas besoin. Et enfin, il a échoué à mieux aider les citoyens qui en ont le plus besoin, disons les pauvres.

Quelle est l'explication de cette promesse de la part du gouvernement ? Comme je l'ai déjà dit, la baisse de cette taxe était un truc conçu dans le but précis d'attirer les voix et de se faire élire. Malheureusement, ce truc est-il le meilleur choix pour l'économie ? Je répète le résultat : premier déficit canadien depuis un bon bout de temps.

J'aimerais maintenant citer la macroéconomique qui suggère que le cycle économique serait d'une durée de 10 ans à peu près - certains auteurs voient des cycles de 10 ans, d'autres des cycles de 40 ans - tandis que le cycle politique est de 4 ans. Ce décalage entre ces deux cycles aboutit à un conflit entre les objectifs de ces deux mouvements de l'ordre social. D'un côté, tous les 4 ans la politique prend les décisions nécessaires pour se faire élire. D'un autre côté, l'économique pourrait prôner des décisions qui seraient désagréables à l'électorat. Si un gouvernement voulait se voir élire, serait-il prêt à prendre une décision qui serait mieux pour l'économie mais qui risquerait de nuire à la possibilité du gouvernement de gagner la prochaine élection ? J'en doute. En plus, les individus de l'électorat, en voyant une baisse de leurs taxes, prennent davantage en considération leur gratification immédiate que l'implication d'une hausse de la dette nationale et d'un déficit. Le cycle politique, soit du côté du gouvernement, soit du côté de la population, pourrait être en opposition avec l'économie et avec ce qui est nécessaire pour avoir un bénéfice à long terme.

Cependant, pouvons-nous entrevoir une lumière au bout du tunnel sans blaguer qu'il s'agisse en réalité de la lumière d'un train qui approche ?

L'électorat n'est pas tout à fait stupide
Au Canada, le Parti conservateur a gagné, mais ils ont un gouvernement minoritaire. D'après les experts, on peut interpréter cette victoire comme une victoire avec un message. Quel est le message ? Sur la scène politique au Canada, on pourrait facilement mettre en avant l'idée qu'un certain nombre d'électeurs a voté contre les autres partis et non pas pour les conservateurs. La Une des journaux avait soulevé à maintes reprises le fait que le leader libéral Stephen Dion n'avait pas le charisme suffisant pour attirer l'électorat. Tout bien considéré, quand on coche le scrutin, on ne peut pas cocher contre quelqu'un, il faut cocher pour quelqu'un et s'il n'y a pas d'autre choix possible, on vote pour son deuxième choix. Ce que je veux dire c'est que l'électorat a voté contre les libéraux et pas nécessairement pour les conservateurs. C'est là le message : une partie de l'électorat n'aimait pas les libéraux et elle a voté pour les autres partis y compris les conservateurs.


Conclusion
Le Parti conservateur voulait se faire élire. Selon lui, un moyen d'attirer l'électorat était de lui offrir moins de taxes. Cependant, le parti avait-il des œillères en ce qui concerne les intérêts du pays à long terme ? Personne n'a prédit la crise économique et je ne veux pas insinuer qu'elle est la faute des Conservateurs. Néanmoins la baisse de la TPS a bel et bien réduit le revenu du gouvernement fédéral et a laissé tous les canadiens plus vulnérables aux changements imprévus de l'économie. Au lieu de maintenir le statu quo en essayant d'acquitter la dette publique, nous courrons tous en ce moment le risque de ne pas avoir le revenu nécessaire pour nous occuper de nos problèmes financiers et de laisser ces problèmes aux générations futures en agrandissant la dette de l'État. À quel moment pourrait-on voir l'apocalypse du Canada en voyant le pays se déclarer en faillite ?

2010-01-03

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