dimanche 13 septembre 2009

Le Pape en Afrique

Il y a quelques semaines, j'ai écouté les actus à la radio et l'animatrice est parvenue à cette histoire de la visite papale en Afrique. Benoît XVI avait l'intention visiter plusieurs pays, il a parlé de la paix, de la lutte contre la pauvreté.

Bien sûr, la question du SIDA a été soulevée par un journaliste et le Pape a répondu en déclarant la position de l'Église catholique. Je cite : on ne peut « pas régler le problème du sida avec la distribution de préservatifs. Au contraire, leur distribution aggrave le problème ». Comment ? J'étais conscient du fait que l'Église était contre l'emploi des préservatifs. D'aussi loin que je me rappelle, l'Église a été contre la contraception de toutes formes. Cependant, le Pape a ajouté quelque chose que je n'avais jamais entendu : leur distribution aggrave le problème. Ça m'a rendu perplexe.

Par la suite, l'animatrice a continué son reportage en mentionnant un petit fait tout à fait saillant. Pendant les vingt dernières années, vingt millions de personnes sont mortes du SIDA en Afrique. J'ai eu besoin d'un moment pour bien saisir l'étendue de ce chiffre. Je n'en croyais pas mes oreilles. 20 millions ? L'Église est-elle à des années-lumière de la réalité africaine ?

J'ai essayé de retrouver d'autres information dans les journaux sur la visite du Pape cependant je me suis très vite trouvé dans un maelström d'avis contradictoires. Une chose en amenant une autre, je suis plutôt tombé sur plusieurs articles qui couvraient tous les aspects de cette annonce papale y compris le pour et le contre de cette question d'emploi de préservatifs.

Maintenant, après avoir dévoilé l'ampleur de la controverse associée à ce sujet et le nombre d'opinions qui se contredisent l'une l'autre, je me sens poussé à intervenir en y mettant mon grain de sel.

En lisant l'annonce du Pape en détail, en lisant d'autres arguments qui supportaient le Pape, je pense avoir mis la main sur le nœud de leurs idées. Ils prétendent que les partisans de l'emploi du préservatif déclarent que le taux de réussite du préservatif est à 100%. Selon mes recherches, ces partisans n'ont jamais déclaré un tel chiffre. Ils prétendent que les partisans de l'emploi du préservatif déclarent que le préservatif est le seul moyen de lutter contre le SIDA. Encore une fois, selon mes recherches, c'est faux.

J'ai même lu un article qui décrivait une certaine pudeur qui existe en Afrique. Malgré la publicité promouvant le préservatif, le taux de l'emploi de cette méthode de contraception restait très bas parce que la population était trop modeste pour en parler et elle n'en était pas bien au courant. Le message dans cet article était que la promotion du préservatif échouait et par conséquent il était inutile de continuer à en promouvoir son emploi.

En fin de compte, d'après le Pape et ses sympathisants, le seul moyen de lutter contre la propagation de cette maladie, le seul moyen d'éviter le SIDA, c'est l'abstinence.

Bon, en allant plus loin dans ma lecture, j'ai appris que les partisans de préservatif étaient tout à fait d'accord avec le Pape. Plusieurs articles dans des journaux rapportant des entretiens avec ces partisans ont cité tel ou tel partisan exprimant que le seul moyen de ne pas attraper le SIDA était de ne pas avoir des rapports sexuels. Victoire ! Ah, victoire je pense. Ces articles ont continué leurs reportages en énumérant les statistiques qui décrivaient l'étendue de ce fléau et le nombre de morts, le nombre de malades, le nombre d'infectés à travers ce continent. L'aspect de cette histoire qui m'a frappé est que la promotion de l'abstinence ne marchait pas, ne marche pas encore et probablement ne marchera pas. 20 millions de personnes mortes ? Hé, je me doute que quelqu'un fait encore l'amour !

J'ai toujours trouvé un tantinet cocasses ces écoles de pensée qui mettent en avant une idée sans tenir compte des résultats. Le Pape se déclare en faveur de l'abstinence mais il me semble qu'il ignore tout à fait le nombre de morts pendant ces 20 dernières années. Étant donné ce chiffre, il nous faut faire tout et n'importe quoi pour combattre ce problème. Si la méthode A ne produit pas de bons résultats, essayons la méthode B. Si non, la méthode C. L'idée est de ne pas choisir une seule méthode, de ne pas nous limiter à une seule idée. Le psychologue américain Abraham Maslow a expliqué : « Tout ressemble à un clou pour qui ne possède qu'un marteau. »

Cela veut dire que nous devrions promouvoir le préservatif, l'abstinence et n'importe quelle autre technique qui s'avérerait efficace dans la lutte contre le SIDA. Nous ne devrions pas, nous ne devons pas rester restreints à une idée, à une idéologie. Tout bien considéré, ce ne sont que les résultats qui comptent. Et si nous parvenons à prévenir une autre mort, une autre infection, voilà ce qui est important dans cette affaire et non pas une foi aveugle en un marteau.

2009-06-09

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