mardi 27 octobre 2009

Gaïa

La Terre est un organisme et nous sommes tous les cellules de cet organisme.

Comment ? L'autre jour, quelqu'un m'a fait part de cette idée. D'abord, cette idée me laissa perplexe, puis lentement, à la réflexion, cette idée m'a intrigué. Si l'idée semble bizarre, est-il possible qu'elle soit vraie ? Bien sûr, il est très facile d'écarter une telle théorie en disant qu'elle est risible, qu'il n'y a pas de preuve, mais si l'on prend un moment pour y réfléchir, peut-on vraiment affirmer qu'elle est fausse ? D'où vient cette idée ?

L'idée de la Terre mère existe, semble-t-il, depuis toujours. Nos ancêtres étaient bien conscients de l'importance de la terre et savaient que tout ce qu'ils connaissaient, la vie elle-même en dépendait. Aujourd'hui notre intérêt pour le réchauffement planétaire témoigne de l'importance que nous accordons nous-mêmes à la Terre. Dans la mythologie grecque, le mot Gaïa désigne une déesse identifiée à la Terre-Mère, appelée autrement aujourd'hui la Grande Déesse ou la mère de tout être vivant.

En 1970, l'écologiste anglais John Lovelock a présenté une hypothèse selon laquelle, la Terre est une sorte de système qui comprend tous les êtres vivants de la planète et qui maintient la planète en harmonie avec la vie. L'ensemble pourrait être considéré comme un vaste organisme autorégulateur qui maintiendrait l'équilibre de ses composants en vue de favoriser la vie. M. Lovelock nomma sa théorie l'hypothèse Gaïa.

Au cours de ces dernières décennies, cette hypothèse a suscité beaucoup de controverses. Le fait que M. Lovelock employa le terme « vivant » pour parler de la Terre, suggérant que la Terre elle-même était un être vivant, y était certainement pour quelque chose. Malgré ses explications assurant que le mot vivant n'était qu'une métaphore, M. Lovelock ne pouvait empêcher d'autres gens d'interpréter ses œuvres comme établissant une vision de la Terre en tant que véritable être vivant. La déesse Gaïa est devenue la personnification des théories de Lovelock et le spiritualisme du Nouvel âge a pris parti de l'idée d'une Terre vivante : nous sommes tous une partie de la planète, nous sommes tous les cellules de cet organisme planétaire.

Vrai ou faux ? Évidemment, les théories de Lovelock ont beaucoup d'autres aspects, mais dans les termes les plus simples, même les experts ne sont pas d'accord sur la véracité ou la fausseté des idées de Lovelock. Cependant, il est facile de constater que ces idées ont capté l'attention et l'imagination de beaucoup de gens qu'ils soient scientifiques ou non.

Imaginez-vous : Chacun de nous n'est qu'une cellule d'un vaste organisme. J'ai assez souvent entendu parler de quelque chose de possible au-delà de la vie que nous connaissons : quelque chose après la mort, des extra-terrestres, le monde des esprits. Toutefois, je n'avais jamais pensé à un tel concept de super-organisme. Il semble assez amusant de poser la question de savoir si oui ou non les cellules de nos corps sont conscientes de nos corps, l'ensemble auquel elles appartiennent. Il semble aussi amusant de poser la question de savoir si oui ou non nous sommes conscients d'un organisme auquel nous appartenons ? Je pense que nous serions tous d'accord pour dire que les cellules de nos corps ne sont pas conscientes de nos propres corps. Au moins pas dans le sens que nous, les êtres humains, nous l'entendons et je pense aussi qu'il nous faut admettre que nous ne sommes pas conscients du tout de ce prétendu organisme, s'il existe.

Toute plaisanterie à part, cette idée me rappelle une histoire de science-fiction que j'ai lue il y a bien longtemps. L'auteur y suggérait que dans l'avenir, la race humaine développerait une sorte de télépathie où toute la race serait en interaction. Au lieu d'une race d'individus, nous serions une race en mesure de penser, d'agir comme un seul être, un super-être. (Hum, est-ce que je parle des « Borgs » de la série de télévision « Star Trek, the Next Generation » ?)

Malgré ces références à la science-fiction, je ne pense pas que le concept de race humaine en tant qu'entité soit encore valable. Nous avons une forme de communication, nous travaillons en groupes, nous avons des systèmes de gouvernement qui nous permettent d'agir comme un ensemble plus ou moins cohérent. D'accord, plutôt moins cohérent que plus cohérent, mais au moins il y a un peu de cohérence là-dedans quand même ! Je dois ajouter bien sûr que cette prétendue entité est à un stade de développement très primitif mais pouvons-nous en employant un peu d'imagination concevoir cet organisme dont nous serions tous les cellules ?

Je n'ai pas traité l'hypothèse de Lovelock en détail. Je laisse cela aux experts. Pourtant je trouve l'idée y afférente, cette vue de la race humaine comme un organisme intrigante. Comme je l'ai déjà indiqué, Lovelock s'est démarqué de l'idée de la Terre comme entité consciente et a prétendu que son emploi du mot « vivant » n'était qu'une métaphore pour une biomasse qui essaie de maintenir un certain équilibre hospitalier à la vie. Si je considère le terme organisme comme une métaphore pour la totalité des êtres humains qui vivent, qui travaillent, qui coexistent ensemble, je pourrais mettre en avant que le tout est plus grand que la somme des parties et qu'il y a au moins quelque chose, soit un concept, soit un véritable organisme, qui englobe l'humanité et qui représente l'entité synergique appelée la race humaine.

This is it


Michael Jackson, le roi de la pop, préparait une série de spectacles qu'il avait l'intention de donner à travers le monde quand il était mort à l'âge de 50 ans. Il avait nommé cette tournée, la première pour lui depuis les années 90, « This is it », en référence à l'expression anglaise qui évoque l'idée d'un moment attendu depuis longtemps. Qui aurait pu dire en regardant sur Internet des clips des préparatifs de la star, qu'il s'agissait du chant du cygne ? Le décès de cette vedette était inattendu, triste, une fin tragique au moment où la star allait faire son come-back.

La morale de cette histoire ? Le moment attendu depuis longtemps de l'expression « this is it » est tout simplement maintenant, le moment présent. Il n'y a pas de minute à perdre. Nous avons tous une vie, une seule vie, il n'y en a pas d'autre. Il n'y a pas d'autre chance. C'est maintenant ou jamais.

À l'âge de 57 ans, je peux dire que ma vision du monde, de la vie est un tantinet différente de celle d'une personne de 20 ans ou 30 ans. Je me dis depuis peu que si je ne suis pas mort ... pas encore! ... je suis bel et bien entre deux âges et qu'il est bien évident maintenant que je suis plus près du second que du premier. Être plus près du second âge me fait regarder le monde sous un angle différent, celui qui me fait penser que le moment attendu est le moment présent.

Quand j'avais 20 ans - hé oui, je peux encore m'en rappeler - j'étais comme n'importe quel autre jeune : je me considérais éternel. Après avoir passé des années à penser à une hypothèque, à mon travail, à ma pension et ma retraite, j'ai développé une attitude focalisée davantage sur demain et non sur l'instant présent. Oui, j'ai fait des choses, oui, j'ai vécu ma vie, mais je gardais toujours un œil sur mes responsabilités, sur mon avenir.

Il est curieux de constater qu'à l'âge de vingt ans, les jeunes ne prennent pas le temps de réfléchir à la mort. Ha ! Je suis certain que l'idée ne leur vient jamais à l'esprit. Ma femme était enseignante et elle m'a toujours parlé des ados en citant les trois I : immortel, immunisé, infertile. Comme cette liste cocasse vous le laisse deviner, les ados ont une forte tendance à ne pas penser aux dangers de la vie. Immortel : on ne va jamais avoir d'accident. Immunisé : on ne va jamais attraper une IST et bien sûr on ne penserait à se protéger d'une chose aussi dangereuse que le SIDA. Infertile ou infécond : on ne risque pas d'avoir des enfants.

Ah, tout est bien qui finit bien. Un style de vie simple : « Il vaut mieux ne pas savoir », « Heureux les ignorants ». Je pense que je pointe du doigt la raison pour laquelle on dit que la guerre est pour les jeunes. Avec l'âge, on a plus tendance à protéger ce qu'on a et à éviter le conflit, à éviter ce qui pourrait tout ficher par terre.

Ma femme et moi avons parlé de ces idées et nous avons conclu qu'il nous faut profiter du moment présent. Nous ne devrions pas attendre, nous devrions faire ce que nous voulons, ce que nous pouvons, maintenant. Qui sait ? Demain pourrait ne jamais arriver !

Il ne faut pas remettre à demain ce qu'on peut faire le jour même. Pas de seconde à perdre. J'ai déjà entendu des conseils qui suggéraient que l'on devait vivre autant que possible quand on peut parce que les risques augmentent avec l'âge et certains problèmes de santé pourraient nous empêcher de faire certaines choses.

Je viens d'écrire ce que je viens d'écrire et en me relisant, je trouve mes idées bizarres. Est-ce que je parle de moi ? C'est presque comme si je parlais de quelqu'un qui a un pied dans la tombe !

Tout ça pourrait être amusant pourtant je lis aujourd'hui que l'acteur américain Patrick Swayze est mort à l'âge de 57 ans ... Ah, puis-je faire remarquer une curieuse coïncidence ? J'ai 57 ans. Hum, peut-être que cela explique pourquoi cette idée m'est passée par la tête. J'ai devant moi un tableau de statistiques sur les morts aux États-Unis. Ces statistiques sont divisées en tranches d'âge. Le groupe entre 15 ans et 24 ans représente 1,3 % de toutes les morts tandis que le groupe des 55-64 ans en représente 10 % et celui de 65-74 ans en représente 18,4 %. On peut facilement comprendre pourquoi un ado ne pense pas à la mort. Statistiquement parlant, on a plus de chance de mourir à 57 ans qu'à 20 ans ! La mort est fortement liée à l'âge.

Ce que je viens d'annoncer, ce n'est pas nouveau. Mais laissez-moi revenir à mes moutons âgés et la raison de toute cette lapalissade verbeuse.

Au lieu de chercher une occasion plus propice, au lieu d'attendre la retraite, au lieu d'économiser, nous avons décidé de tirer avantage du moment présent pour faire ce que nous voulons faire, ce que nous pouvons faire. Demain, nous pourrions être dans un fauteuil roulant mais aujourd'hui, nous pouvons faire 5 ou 6 kilomètres de jogging d'affilée. Voilà, maintenant il nous faut profiter de ce que nous avons, y compris la santé. Après tout, Michael et Patrick ne vont jamais plus en profiter.