jeudi 7 janvier 2010

La TPS du Canada


En 2007, le Parti conservateur a pris le pouvoir au Canada. Une de leurs promesses électorales était de baisser la TPS, la taxe sur les produits et services. Une fois en pouvoir, ils ont baissé la taxe deux fois et maintenant elle se maintient à 5 %, ce qui représente, selon les journaux, une perte de revenue de 20 milliards $ par an. En septembre 2008, nous avons vu le début de la crise économique et depuis ce temps nous avons tous souffert des conséquences d'une des pires périodes depuis la Grande dépression. Le gouvernement a réagi à cette situation en mettant sur pied un programme de stimulations financières. Aujourd'hui, les journaux ont annoncé que le gouvernement conservateur aurait en 2009 un déficit de 50 à 60 milliards $.

En ce moment, on voit que le manque du revenu entraîné par la baisse de la TPS contribue au déficit budgétaire de 2009. Une question curieuse se soulève : pourquoi une baisse de la TPS ? Qu'est-ce que les Conservateurs espéraient faire en promettant une telle baisse ?

L'Élection canadienne et l'économie canadienne
Regardons notre économie. Qu'est-ce que le canadien moyen sait sur elle ? Le sujet est complexe et à une échelle nationale ou mondiale, il est incompréhensible. Cependant, qu'est-ce que notre premier ministre conservateur a fait pour se faire élire ? Il a promis de baisser la TPS (la taxe sur les produits et services) de deux pour cent. Qui veut payer de la taxe ? Qui est contre l'idée d'en payer moins ? Personne, bien sûr. Allons-y, élisons ce bon gars qui promet de baisser les taxes et de mettre plus de fric dans nos poches. Toutefois, qui a relevé que le Canada annonce maintenant un déficit après plusieurs années de surplus sous l'ancien gouvernement ?

La baisse de cette taxe était un truc conçu dans le but précis d'attirer les voix. Qui a examiné cette mesure de près avant de la considérer comme une raison légitime de voter pour le parti conservateur ? Prenons un exemple où nous avons deux personnes, une qui a cent mille dollars de revenu disponible, disons le riche, et une deuxième qui a trente mille dollars de revenu disponible, disons le pauvre. Deux pour cent de cent mille dollars représente un montant de 2.000 $ et deux pour cent de trente mille dollars, un montant de 600 $. L'idée en baissant la taxe est de stimuler l'économie en voyant ces deux consommateurs dépenser ces montants supplémentaires. Cependant, qu'est-ce qui arrive en réalité ?

Il faut remarquer sur-le-champ que le riche, quelque soit la baisse de la taxe, a les moyens de s'offrir ce qu'il veut. Va-t-il acheter quelque chose d'autre de plus si tout à coup il a deux mille dollars supplémentaires ? J'en doute. Le riche va en toute probabilité mettre cette somme de côté, l'économiser ou en faire un paiement hypothécaire. Le pauvre à l'opposé va sans doute dépenser ses dollars supplémentaires parce qu'il ne peut pas s'offrir tout ce qu'il veut. Si je fais le calcul, je vois que la baisse de la taxe se traduit par une perte de revenu de 2.600 $ pour le gouvernement. Cependant, je ne vois que 600 $ dépensés pour stimuler l'économie, les 600 dollars dépensés par le pauvre.

Selon les experts en économie, la meilleure chose à faire aurait été de laisser la TPS telle quelle et d'offrir un crédit d'impôt de 1.000 $ basé sur les moyens de la personne en question. Si nous revenons à notre exemple, le riche serait exempt de ce crédit. Le pauvre, qui aurait droit au crédit, aurait 1.000 $ supplémentaires et si nous suivons la même argumentation qu'au premier exemple, le pauvre dispenserait 1.000 $. Au total, qu'est-ce que nous voyons ? Le gouvernement n'aurait qu'une perte de revenu de 1.000 $ en comparaison de 2.600 $, tandis que l'économie serait stimulée par un montant de 1.000 $ en comparaison de 600 $.

Une hypothèse fautive ? Une supposition qui n'est pas basée sur la réalité ? Pas du tout. Tout ce que je viens d'expliquer vient de ma propre vie. Ces chiffres illustrent la situation de ma propre famille. Je ne suis pas riche, mais évidemment, j'ai plus de moyens que d'autres membres de ma famille comme mes filles qui sont au début de leurs carrières. Un cadeau de 2.000 $ de la part du gouvernement fédéral ? Je peux dire avec certitude que je n'ai aucune intention d'acheter plus ce dont j'ai besoin. Je vais faire un paiement supplémentaire sur mon prêt hypothécaire ou une chose du même genre mais je ne vais pas dépenser ce « cadeau ». En ce qui me concerne, le gouvernement a échoué à stimuler l économie. Le gouvernement, en essayant d'attirer autant de voix que possible, a donné un soi-disant cadeau à tout le monde y compris aux citoyens comme moi qui n'en avaient pas besoin. Et enfin, il a échoué à mieux aider les citoyens qui en ont le plus besoin, disons les pauvres.

Quelle est l'explication de cette promesse de la part du gouvernement ? Comme je l'ai déjà dit, la baisse de cette taxe était un truc conçu dans le but précis d'attirer les voix et de se faire élire. Malheureusement, ce truc est-il le meilleur choix pour l'économie ? Je répète le résultat : premier déficit canadien depuis un bon bout de temps.

J'aimerais maintenant citer la macroéconomique qui suggère que le cycle économique serait d'une durée de 10 ans à peu près - certains auteurs voient des cycles de 10 ans, d'autres des cycles de 40 ans - tandis que le cycle politique est de 4 ans. Ce décalage entre ces deux cycles aboutit à un conflit entre les objectifs de ces deux mouvements de l'ordre social. D'un côté, tous les 4 ans la politique prend les décisions nécessaires pour se faire élire. D'un autre côté, l'économique pourrait prôner des décisions qui seraient désagréables à l'électorat. Si un gouvernement voulait se voir élire, serait-il prêt à prendre une décision qui serait mieux pour l'économie mais qui risquerait de nuire à la possibilité du gouvernement de gagner la prochaine élection ? J'en doute. En plus, les individus de l'électorat, en voyant une baisse de leurs taxes, prennent davantage en considération leur gratification immédiate que l'implication d'une hausse de la dette nationale et d'un déficit. Le cycle politique, soit du côté du gouvernement, soit du côté de la population, pourrait être en opposition avec l'économie et avec ce qui est nécessaire pour avoir un bénéfice à long terme.

Cependant, pouvons-nous entrevoir une lumière au bout du tunnel sans blaguer qu'il s'agisse en réalité de la lumière d'un train qui approche ?

L'électorat n'est pas tout à fait stupide
Au Canada, le Parti conservateur a gagné, mais ils ont un gouvernement minoritaire. D'après les experts, on peut interpréter cette victoire comme une victoire avec un message. Quel est le message ? Sur la scène politique au Canada, on pourrait facilement mettre en avant l'idée qu'un certain nombre d'électeurs a voté contre les autres partis et non pas pour les conservateurs. La Une des journaux avait soulevé à maintes reprises le fait que le leader libéral Stephen Dion n'avait pas le charisme suffisant pour attirer l'électorat. Tout bien considéré, quand on coche le scrutin, on ne peut pas cocher contre quelqu'un, il faut cocher pour quelqu'un et s'il n'y a pas d'autre choix possible, on vote pour son deuxième choix. Ce que je veux dire c'est que l'électorat a voté contre les libéraux et pas nécessairement pour les conservateurs. C'est là le message : une partie de l'électorat n'aimait pas les libéraux et elle a voté pour les autres partis y compris les conservateurs.


Conclusion
Le Parti conservateur voulait se faire élire. Selon lui, un moyen d'attirer l'électorat était de lui offrir moins de taxes. Cependant, le parti avait-il des œillères en ce qui concerne les intérêts du pays à long terme ? Personne n'a prédit la crise économique et je ne veux pas insinuer qu'elle est la faute des Conservateurs. Néanmoins la baisse de la TPS a bel et bien réduit le revenu du gouvernement fédéral et a laissé tous les canadiens plus vulnérables aux changements imprévus de l'économie. Au lieu de maintenir le statu quo en essayant d'acquitter la dette publique, nous courrons tous en ce moment le risque de ne pas avoir le revenu nécessaire pour nous occuper de nos problèmes financiers et de laisser ces problèmes aux générations futures en agrandissant la dette de l'État. À quel moment pourrait-on voir l'apocalypse du Canada en voyant le pays se déclarer en faillite ?

2010-01-03

Embouteillage


Ce dimanche, en lisant le journal, je suis tombé par hasard sur la rubrique « Nouveaux mots de la semaine ». Cette rubrique offre aux lecteurs un petit compendium de néologismes avec une brève description du sens. La première entrée de ce dimanche était « immaculate congestion ». Le jeu de mots anglais se fonde sur l'expression « immaculate conception ». « Congestion » veut dire embouteillage routier et « immaculate » veut dire sans raison apparente. En résumé, l'auteur de la rubrique faisait référence à un phénomène que j'ai moi-même déjà rencontré : je suis dans ma voiture, je roule normalement, la circulation est fluide puis tout à coup, la circulation est encombrée. Je roule au ralenti sur une certaine distance puis, subitement, je recommence à rouler normalement. Cependant, je n'ai pas vu d'accident, je n'ai vu aucune raison qui puisse expliquer l'embouteillage.

J'ai dirigé mon attention vers le moteur de recherche de Google cherchant les bons mots-clés pour trouver des informations sur les embouteillages qui apparaissent sans raison apparente. Vous savez quoi ? Il y a pas mal de gens qui ont déjà parlé de ce phénomène-là. Ha ! Comme dit le proverbe : « Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. » En effet, un groupe de chercheurs japonais ont crée une expérience où ils ont réussi à recréer le phénomène. Je cite un article du 5 mars 2009 :

Pour la première fois des chercheurs japonais ont recréé un embouteillage sur une piste d'essai circulaire. En utilisant 22 véhicules, chacun avec un conducteur roulant à 30 km/h, les chercheurs ont pu constater que des embouteillages comme celui-ci sont généralement causés par un chauffeur qui ralentit ou de s'arrête par curiosité pour s'intéresser à autre chose que la route. Une réaction en chaîne se produit progressivement jusqu'au moment où toutes les voitures s'arrêtent.

Une vidéo de cette expérience montre très bien comment l'action d'un chauffeur peut avoir un effet en cascade dans la circulation et comment l'effet peut durer un certain temps. Un chauffeur freine et le chauffeur derrière lui est obligé de freiner et ainsi de suite. On voit un bouchon se propager vers l'amont, dans le sens contraire de celui de la circulation. On emploie le terme « onde » pour décrire cette congestion en comparant la circulation à un liquide; on fait mention de la « fluidité du trafic ».

En lisant toutes ces informations, je me demandais ce que je pouvais faire moi-même pour éviter un embouteillage, soit éviter d'en faire partie, soit éviter d'en causer un. Pas surprenant, du moins pour moi, on conseille tout simplement de laisser suffisamment d'espace entre sa voiture et celle de devant, de ne pas suivre de trop près la voiture de devant. Quand il n'y a pas assez d'espace entre les voitures, le freinage d'une voiture produit une réaction en chaîne où chaque chauffeur derrière le premier doit freiner de plus en plus fort pour éviter une collision. Ça, c'est la cause de cette compression de la circulation. Avec assez d'espace entre les véhicules, il y a moins de freinage, moins de compression, et l'action d'un chauffeur a moins de conséquence pour tous les chauffeurs qui sont derrière lui.

Il n'y a rien de nouveau sous le soleil. Par hasard, je tombe sur cette rubrique dans le journal de dimanche et je découvre toutes ces informations sur un phénomène que j'observe depuis un bon bout de temps. Curieux, amusant, insolite.

2010-01-03

lundi 4 janvier 2010

Press any key to continue...


D'aussi loin que je me rappelle, dans les milieux informatiques anglais, on raconte une histoire amusante où l'utilisateur d'un ordinateur lit à l'écran la consigne « Press any key to continue » (Appuyer sur n'importe quelle touche pour continuer) et puis demande, « Where is the any key? » (Où est la touche n'importe quelle ?). Aussi cocasse que la blague puisse paraître, aussi bête que la personne puisse avoir l'air, il y a un autre aspect de l'histoire qui soulève, du moins pour moi, une question : celle de savoir lequel d'entre nous mérite le qualificatif stupide.

Entre 1986 et 1993, je donnais des cours sur presque tous les aspects de l'informatique. Travaillant comme enseignant à temps partiel, je me rendais dans huit collèges techniques dans le sud de l'Ontario où je traitais l'emploi des ordinateurs, la programmation, l'histoire de l'informatique et l'utilisation de certains logiciels comme Microsoft Word et Wordpefect. Malgré un autre poste à temps complet, je suis arrivé à accumuler plus de trois mille heures dans une salle de classe.

Pendant cette période de ma vie, j'ai eu l'occasion de vivre l'histoire amusante mentionnée ci-dessus. À ce moment-là, je travaillais dans un hôpital où je m'occupais de la maintenance de certains systèmes informatiques. Un jour, une des secrétaires m'a téléphoné pour me demander où se trouvait « the any key ». Sa question m'a laissé perplexe; si perplexe que j'ai décidé d'aller à son bureau pour voir moi-même l'écran de son ordinateur. Une fois là, j'ai lu à l'écran cette consigne fameuse d'appuyer sur n'importe quelle touche pour continuer. Avec un assez grand effort, j'ai évité de pouffer de rire et j'ai expliqué à cette secrétaire le vrai sens de la consigne.

Cependant, j'ai cogité par la suite sur la raison qui aurait pu expliquer pourquoi cette personne n'avait pas compris la consigne. Il m'est venu à l'esprit que l'on sait si peu sur un sujet, on ne peut même pas bien formuler une question correctement. Au premier coup d'œil, je peux facilement dire que la personne n'est pas intelligente. Néanmoins je me suis rendu compte que quand on est cent pour cent ignorant d'une chose, ce qui est évident pour une personne, ne l'est pas nécessairement pour quelqu'un d'autre. Quand on n'est pas expert en la matière, quand on en est tout à fait ignorant, les concepts les plus simples peuvent être incompréhensibles.

Un sage a dit un jour qu'il n'y avait pas de questions stupides, qu'il n'y avait que des réponses stupides. Après un peu d'expérience dans la vie, je suis arrivé à comprendre que cet adage est un bon conseil pour un enseignant, pour n'importe quelle personne qui offre de répondre à une question. En donnant une leçon, l'enseignant doit toujours garder en tête la perspective de la personne qui vient de commencer la leçon, qui ne sait rien, qui est probablement accablée par une surcharge de nouvelles informations et qui ne s'y retrouve plus. En répondant aux questions d'un étudiant, l'enseignant doit se rappeler ce que c'est de ne rien savoir. Si l'enseignant peut se le rappeler, il serait mieux préparé à trouver la bonne explication pour répondre aux questions d'un étudiant.

Nous avons tous eu l'occasion de mal réagir à une bêtise : rire, jeter un regard dégouté, faire des réprimandes. Pourtant, je pense qu'il nous faut un peu d'humilité, un peu de gentillesse parce qu'il existe toujours des circonstances dans lesquelles nous pouvons tous nous montrer bête.

En 1972, j'ai suivi un cours de calcul à l'université. À l'école secondaire, j'avais suivi des cours de mathématiques, mais je peux dire que je n'étais pas très fort en la matière. Le calcul était pour moi, incompréhensible et c'était là où j'étais la personnification de cette expression amusante : Les maths et moi, ça fait deux. J'étudiais bien, je cherchais à faire des travaux supplémentaires, je prenais même des leçons particulières avec le professeur de mon cours. Néanmoins je me rendais bien compte que je ne comprenais pas la matière; je répondais machinalement. J'arrivais à la bonne réponse non pas parce que j'avais raisonné et trouvé la bonne réponse, j'arrivais à la bonne réponse parce que la question était semblable à une autre question que j'avais déjà résolue. Je n'avais pas du tout saisi le concept, l'idée, le calcul nécessaire pour trouver la bonne réponse. Au cours des années suivantes, j'ai compris que le calcul exige un certain niveau de pensée abstraite que je ne possède pas.

À la fin du cours, je suis arrivé à réussir avec une note de 72 % ce qui indiquait très bien mon manque de compréhension. Oui, j'ai été admis mais sans avoir réellement compris quoi que ce soit. Mais pourquoi je ne comprenais pas ? J'étais toujours assis au premier rang dans la salle essayant de ne pas manquer un seul mot d'instruction exprimé par le professeur. Mais cela était égal. En effet, juste à côté de moi, il y avait un gars qui obtenait constamment 98 %. Il m'a dit plusieurs fois que le calcul était pour lui si facile, il ne lui était pas nécessaire d'étudier. Il m'avait même avoué que parfois il venait dans la classe après avoir fumé du cannabis. Je ne comprends pas comment il pouvait réussir comme ça, surtout sous l'influence d'une drogue. Je blague maintenant en disant que c'était peut-être ça qu'il me fallait dans cette classe : fumer de la marijuana !

À un moment dans le cours, le professeur a présenté le concept de nombre imaginaire. Sans expliquer l'idée à fond parce que je ne la comprends pas moi-même, je me contenterai de dire qu'il s'agit d'un nombre complexe noté par la lettre i en italique « i », la soi-disant unité imaginaire, dont la racine carrée vaut -1. Je me rappelle encore que j'ai parlé avec le professeur après sa présentation en me plaignant de la difficulté que j'avais à me repérer parmi les nombres soi-disant « réels » et il osait présenter les nombres « imaginaires » ? Me voilà, William au pays des merveilles.

Je reviens à cette « n'importe quelle » touche. Je peux rire de cette personne qui m'a demandé où se trouve cette touche. Toutefois, je sais que le professeur de mon cours de calcul et mon collègue de ce même cours auraient pu rire de moi et de mon inaptitude à saisir le moindre concept de cette branche de mathématiques. Je comprends très bien le sens de cette phrase « Appuyer sur n'importe quelle touche. », pourtant je ne suis pas de taille à faire face au calcul. Ha! Peut-être que tôt ou tard, nous pouvons tous nous trouver dans des circonstances où nous sommes « Forest Gump », le protagoniste éponyme du film américain, une personne ayant un esprit lent.

Je ne comprends pas comment i ou n'importe quel nombre pourrait avoir -1 comma sa racine carrée cependant on m'a donné à entendre que cette idée est importante dans certains domaines du génie civil. Puisque je vois des exemples du génie partout, je pourrais dire que je suis entouré par i sans en être conscient. Je ne comprends pas la quantique mais j'en reconnais l'importance si je considère l'énergie atomique. C'est là que je trouve le frustrant et l'amusant. Je suis assez intelligent pour reconnaître qu'une chose existe soit l'unité imaginaire, soit la quantique en voyant la pratique de ces concepts dans ma vie de tous les jours. Mais je ne suis pas assez intelligent pour comprendre ces choses. Le calcul, la quantique et moi, ça fait trois. Ce niveau de pensée abstraite dépasse tout à fait les bornes de ma matière grise. Qu'est-ce qui est frustrant ? Reconnaître qu'une chose existe sans être capable de la comprendre. Qu'est-ce qui est amusant ? Reconnaître qu'une chose existe sans être capable de la comprendre : je suis assez intelligent pour reconnaître que je ne suis pas intelligent. Ha !

Tout bien considéré, voilà la morale de mon histoire. Parfois, nous sommes tous un peu trop promptes à nous moquer d'une personne qui, ne comprenant pas quelque chose, pose une question qui pourrait avoir l'air un peu stupide. Gardons en tête qu'il y a toujours des circonstances dans lesquelles nous pouvons nous trouver où nous posons nous-mêmes une question qui pourrait aussi avoir l'air un peu stupide aux yeux de quelqu'un d'autre, quelqu'un qui est juste un peu plus intelligent que nous.

2010-01-04

Flash Mob


Le 29 novembre 2009, un dimanche soir, je regardais les nouvelles sur Internet quand j'ai vu un article sur un phénomène très remarquable qui avait eu lieu cet après-midi-là. Sous la pyramide du Louvre à Paris, un groupe d'environ 200 personnes s'étaient réunies pour danser ensemble devant toutes les autres personnes dans le hall d'entrée. Tout ceci n'avait duré que trois minutes et puis, le groupe s'était retiré. L'animatrice des nouvelles a employé le terme de flash mob pour décrire l'événement en expliquant comment des danseurs professionnels avaient appris à ces 200 personnes à danser ensemble dans le but de faire de la publicité pour une organisation caritative. Cette expression flash mob m'a intrigué et je me suis tourné vers le moteur de recherche de Google pour trouver sa définition.

À ce qu'il paraît, le terme de Flash Mob s'emploie en français mais se traduit aussi par foule éclair ou mobilisation éclair. Il signifie « le rassemblement d'un groupe de personnes dans un lieu public pour y effectuer des actions convenues d'avance avant de se disperser rapidement ». On peut dire que les rassemblements spontanés ou improvisés existent depuis toujours, cependant le phénomène du Flash Mob semble plutôt moderne, de l'ère d'Internet. Selon plusieurs articles, le moyen de rassembler un groupe de gens qui sont souvent des étrangers l'un à l'autre, est d'employer l'Internet et des réseaux sociaux comme Facebook pour propager un message sur l'événement. Les lecteurs de ce message décident eux-mêmes s'ils veulent y participer et en suivant des instructions dans le message, se rassemblent à tel ou tel endroit pour prendre part au « happening ». L'essentiel de l'événement est sa spontanéité.

Ce rassemblement peut comprendre toutes sortes de manœuvre, cependant il semble exister trois types majeurs de Flash Mob : la danse, la bataille d'oreillers et le freeze.

Une danse est un événement préparé d'une certaine façon en avance : les participants ont tous appris les mêmes pas et la danse en question pourrait se baser sur un clip vidéo célèbre comme un clip de Michael Jackson. Après la mort de M. Jackson, il y a eu à travers la planète toutes sortes de Flash Mob recréant les danses de certaines vidéos célèbres comme Thriller, Beat It et Bad. C'est un peu étonnant de voir une foule de gens, un groupe désorganisé, devenir soudain un ensemble cohérent où tout le monde exécute exactement les mêmes pas. Et je viens de trouver la caractéristique la plus intéressante du flash mob. À un moment, on fait face à une foule, à l'hétérogénéité du public en général quand tout à coup, un nombre de personnes commence à faire la même chose agissant en tandem. L'effet est vraiment époustouflant. D'abord, ces actions coordonnées laissent les autres personnes qui ne font pas partie du Flash Mob un peu perplexe; c'est complètement inattendu de voir un groupe de gens danser ensemble. Lentement, la danse émerveille ces autres personnes et ce n'est pas surprenant que ces mêmes autres expriment leur approbation à la fin du spectacle en applaudissant.

Une bataille d'oreillers est tout simplement une bataille en public qui se termine selon certains clips sur Internet par une vaste quantité de plumes éparpillées partout. Paris, Madrid, Cape Town, Toronto, l'Internet offre pas mal de clips de tous les coins du monde où on peut voir des étrangers se frapper d'oreillers dans le sens d'un amusement enfantin. La piste sonore laisse entendre des rires, des cris de joie, tout ce qui indique que ces gens s'amusent très bien. Évidemment, tôt ou tard, la housse de l'oreiller se brise et on voit une nuée de plumes répandues parmi les batailleurs. La scène a l'air d'un moment bref dans la vie adulte des participants où ils peuvent régresser au stade infantile. Très divertissant.

Un freeze ou freeze party reste mon flash mob préféré en raison de son aspect si inattendu, si stupéfiant. Il consiste en un groupe de personnes qui restent figées pendant un court laps de temps, 5 minutes selon les exemples que j'ai vus. Peu importe ce qu'on fait, lire un livre, regarder en haut, marcher, nouer ses lacets de chaussure, on s'arrête et on ne bouge pas. On reste tout à fait immobile pendant ce laps de temps fixé d'avance et puis, on continue ce qu'on faisait comme si de rien n'était. J'ai vu des clips des freezes réalisés presque partout dans le monde et je dois admettre que voir tous ces gens immobiles est vraiment incroyable. Dans des gares, dans des magasins, dans des places publiques, un tas de personnes s'arrêtent et ne bougent pas et tous les autres qui ne font pas partie de ce flash mob ont l'air sidérés. Et je ne parle pas nécessairement de petit groupe, je parle de groupes qui peuvent compter des centaines de participants. En mars 2008, on a réuni plus de 3 000 participants à la place du Trocadéro à Paris !

Je suis certain que vous, le lecteur, êtes en train de vous demander pourquoi un groupe d'étrangers s'uniraient en public d'une manière spontanée pour exécuter ensemble une telle manœuvre. Où est la logique ? Est-ce que c'est puéril ? C'est la même question que je me suis posée et après avoir vu plusieurs clips sur des flash mobs, je pense que la bonne réponse inclut deux idées.

D'abord, le premier mot qui m'est venu à l'esprit en regardant ce flash mob au Louvre est l'espièglerie. Comme un enfant qui joue un tour à un adulte, le flash mob est un groupe d'espiègles qui jouent un tour aux adultes. Ou peut-être qu'on joue un tour à la totalité des adultes, à la société elle-même; on essaie de bouleverser un peu le statu quo. En second lieu, un flash mob a un certain sentiment de communauté : nous faisons tous la même chose; nous sommes logés à la même enseigne. Il faut se rappeler que ces événements sont organisés spontanément et ils unissent des étrangers. On côtoie des gens qu'on vient de rencontrer, des gens qu'on pourrait ne jamais plus voir. En plus d'un sentiment de communauté, l'événement peut révéler que nous ne sommes pas si différents ou malgré nos différences, nous pouvons travailler ensemble pour le même objectif.

En fin de compte, qu'est-ce que ça donne ce flash mob ? Améliorer nos vies ? Changer le monde ? C'est bien possible, mais je pense que nous ne devrions pas essayer de chercher une explication aussi profonde que ça. On veut tout simplement s'amuser et il vaut mieux s'amuser ensemble. Chapeau à ceux qui veulent bouleverser un petit peu le statu quo et nous accorder un peu de répit dans le train-train de notre quotidien. Nous devrions tous y participer.

2010-01-04